Exposition du Centenaire du Génocide des Arméniens

La Rafle à Constantinople

24 avril 1915 : Grande rafle des intellectuels et des notables arméniens de Constantinople. Le Génocide peut commencer. Cent plus tard, le Président de la Turquie, Recep Tayyip Erdogan, continue d’exiger des preuves. Barack Obama,sénateur à l'époque, a déjà déclaré que le Génocide arménien était une incontestable vérité. Mais les Etats-Unis d’Amérique ne sont pas prêts à une reconnaissance officielle, aujourd’hui moins que jamais. La Turquie demeure un allié trop important, puissant et ombrageux. Cent ans après le début des massacres, seule une vingtaine de pays ont reconnu officiellement le Génocide et la Turquie s’arcboute sur son négationniste d’Etat, fondateur de son existence même, sa colonne vertébrale idéologique, comme si elle craignait de s’effondrer en cessant de nier une si vieille évidence, pourtant irréfutable et documentée.

Que d’atrocités ont été alors commises à partir de cette date. Ces images sont là pour en témoigner. Panneau immigration des Arméniens vers Arnouville

L’immigration

Les rescapés du génocide se dispersent sur tous les continents après 1915. Le flux migratoire se poursuit tout au long du 20ème siècle jusqu’à ce jour. A partir de 1953, les Arméniens sont poussés à l’exil suite à la chute du Roi Fouad II d’Egypte. Puis en 1958, ils cherchent à échapper au régime politique de l’Arménie soviétique. En 1979, ils quittent l’Iran, suit à la chute du Shah. Tous les conflits du Moyen Orient ont généré la fuite des chrétiens du Liban, de la Jordanie et de la Palestine. Depuis les années 60, les Arméniens fuient la Turquie. Arrivent alors à Arnouville des populations entières des villes de Mardin, de Silopi et de Diril. Ces personnes sont Arméniennes, Chaldéennes ou Kurdes. Elles y vivaient ensemble dans une grande fraternité. A Arnouville, elles ont su reconstituer le "Bien Vivre Ensemble". Nous avons l’impression de vivre à un siècle d’intervalle la réplique de l’Histoire.

Que de témoignages bouleversants nous trouvons également ici.

Que cela soit celui de Jeannine Babadjian

Souvenirs de famille...de Mme Jeannine Babadjian

ou celui de Parounak Gazarian.

Carte de Trebizond en passant par Erzindjan jusqu'à KkemahCarte du périple à pied fait par les Améniens

Regardez sur cette carte le périple accompli à pied par celui-ci. Nous l’avons surligné en rose. Il est allé de Trébizond à Erzindjan puis à Kemah. 140 kilomètres, en 32 jours, pour aller jusqu’à Le Pont d’Ilis, près d’Agen (non inscrit sur la carte) soit en tout 250 km, en 2 mois, sans pratiquement ni boire, ni manger, sous une chaleur torride par cet homme… Il a assisté à des scènes tragiques, voire horribles.

Au bout de 2 mois, après un parcours d'environ 240km, mon père Parounak Gazarian et sa famille arrivent jusqu'au Pont Ilisi. Une très dure déportation pour toutes ces personnes.
Au fil des jours, les gens affamés, assoiffés, fatigués meurent sur le chemin.
La marche s'arrête enfin.

Et les survivants doivent creuser les fossés pour ensevelir les mourants, les cadavres et même les bébés encore aux seins de leurs mères .
Une femme enceinte prise de douleurs, soutenue, aidée de ses deux sœurs , implore un court arrêt auprès du gendarme, le temps de la délivrance .

Cela lui fut refusé.
L'enfant vient au monde pendant la marche.

Alors le gendarme embroche le nourrisson à la pointe de son épée, le fusille d'une balle et réclame 5 pièces d'or: soit le prix de la balle.

Mme Astrik Oganessian témoigne aussi:

Mes grands parents vivaient à Van en Arménie occidentale. Ils y cultivaient le tabac. En 1915,  la ville fut incendiée par trois fois. Quelle désolation se fut. La population s'enfuit.
Mes grands parents partent sur les routes de la déportation avec leurs deux garçons Zohrab et Zaven et les survivants de leur famille. Ils vécurent les atrocités pratiquées par les gendarmes turcs.
Pendant la marche, un gendarme attrape par les pieds le petit Zohrab, alors âgé d'un an et demi et d'un coup d'épée le tranche en deux du haut en bas.
Ma grand mère perd connaissance. A son réveil, on lui avait enlevé Zaven. Après des années d'errance, mes grands parents allèrent en Arménie orientale pour se reconstruire.

On y parlait l'arménien et on pouvait y travailler. Quelques années plus tard ma grand-mère retrouve son fils Zaven dans un orphelinat américain en Arménie.

Je suis née de Zaven et Asmik Oganessian à Erevan en 1950.
J'ai passé mon adolescence et ma jeunesse sous la crainte du K G B.et les déportations en Sibérie au moindre écart.

Après mon mariage et la naissance de mes enfants, on quitte l'Arménie en 1972. C'est en 1977, que nous choisissons de nous installer à Arnouville. Nous étions heureux de vivre dans un pays de liberté pour nos enfants. Heureux de travailler très tôt le matin jusqu'à très tard le soir.. Heureux de construire notre maison. Nos enfants, nos petits-enfants et arrière-petits-enfants restent ancrés à Arnouville.

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4 réflexions au sujet de “Exposition du Centenaire du Génocide des Arméniens”

  1. Merci M. et Mme Vidal pour cette belle exposition émouvante et fidèle , à ce que nos familles ont traversé depuis leur exode et leur départ d'Anatolie et leur parcours à travers certaines provinces françaises et leur installation et leur parcours à Arnouville. Je suis native d'Arnouville et j'ai été heureuse de lire toute cette intéressante documentation riche d'enseignement sur des éléments culturels et historiques, et qui rend compte de l'histoire singulière de chacun d'entre nous, cela restera un témoignage et un hommage à nos familles survivantes.

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    • Merci Madame Dilanian,
      Nous avons été très contents de monter cette manifestation.
      Grâce à vous, nous avons aussi appris énormément de renseignements sur tous les domaines que vous avez mentionnés.
      De plus, sur ce site, ils resteront gravés à jamais.
      Vous, vous êtes une experte en sculpture(s) et en estampe(s).
      Vous exprimez d'une façon très artistique.
      Ceci, pour le bonheur de vos proches et de vos amis.
      Même s'ils ne sont pas toujours Arméniens.

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      • Ani Dilanian organise une journée intitulée "La fête de l'Estampe".
        Cette dernière se tiendra le 26 mai 2015, au 73 Rue de Bordeaux à Arnouville, de 13h à 21h.
        Elle exposera son travail de gravure sur plaque de cuivre, zinc, bois et linoléum.
        Il y aura également les travaux d'autres artistes tels que : Christiane Vielle, Coste, Canini, Dado...
        Une visite s'impose pour voir le travail de toutes ces personnes.

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        • De nouveaux renseignements nous ont été fournis.
          Dans la Rue de Bordeaux habitent également Madame et Monsieur Khahamyan.
          Ces personnes avaient prêté l'alphabet et le Notre Père que l'on peut voir dans la vitrine de la page sept.
          Ils avaient fourni aussi de nombreuses cartes non photographiées.
          Aurore Khahamyan chante régulièrement à la chorale.
          Ceci nous a été rapporté par Madame Pentecôte citée dans les remerciements.
          Madame Shart l'épouse du célèbre peintre Shart-Artignan, nous a fait savoir par téléphone combien elle avait apprécié cette manifestation.
          Elle n'avait pu se déplacer depuis Lamorlaye, car elle est très âgée maintenant.
          Elle avait reçu par courrier la plupart des textes et des images.
          Il en est de même pour Nadia Ispenian.
          Cette dernière est de la famille Kassapyan.
          Quant à elle, elle est âgée de 90 ans et elle demeure à Paris actuellement.
          Elle était arrivée à Arnouville à l'orphelinat des soeurs, à 24 ans, en 1948.
          Nous attendons avec impatience d'autres témoignages.

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