Les Arméniens en danger sur leurs terres ancestrales

Lors du centenaire du Génocide de Arméniens, Messieurs Martayan et Haroutiounian nous avaient déjà donné ce préambule :

https://lepassedarnouville.fr/histoire-armeniens-2993

Vu le contexte actuel, M.Martayan nous livre ce nouveau texte.

Artsakh en arménien Karabagh  en turc.
L'œuvre est une sculpture monumentale en tuf rouge.

Artsakh.
Cette statue est un symbole.

Elle représente les bustes de deux paysans aux visages stylisés. C’est un homme barbu et une femme, nommés Papig et Mammig, soit  grand-père  et  grand-mère en arménien. Les  coiffes sont traditionnelles. Elles  rappellent les deux sommets du  célèbre mont Ararat. La bouche de la femme est masquée par un foulard, selon la tradition locale.Les deux bustes semblent appuyés l'un contre l'épaule de l'autre. Les visages sont posés directement sur le sol. La sculpture n'est pas dressée sur un socle. Elle est l'œuvre du sculpteur arménien Sarkis Baghdassarian.  Elle est située sur une butte, à proximité de la route et, à 1 km  au nord-est de Stepanakert. Lorsque les représentants soviétiques de Bakou sont venus dans cette ville pour l'inauguration, en 1968, ils demandèrent : « Ces personnages n'ont-ils pas de jambes ? » L'artiste a répondu : « Mais si, et, elles sont profondément enracinées dans leur terre.».

Carte actuelle de l'Arménie en conflit.
Carte actuelle de l'Arménie.

Aussi loin que l’on puisse aller dans l’antiquité, cette terre nous montre  qu’elle est le berceau de l’identité arménienne, par son histoire, sa culture et son peuplement. La capitale Stepanakert date du 13ème siècle, selon les sources médiévales.
Rattachée au royaume Arménien de la grande Arménie, cette région comme l’Arménie elle-même, a été sous la domination de nombreuses puissances, et au 19ème siècle de la Russie tsariste. Malgré cela, elle a su garder son autonomie politique et religieuse. En témoigne sur ce territoire les nombreuses églises et monastères datant des 5ème, 7ème, 12ème et 13ème siècles et prouvant l’attachement des Arméniens à leur foi chrétienne.

Mais la révolution change la donne. L’Arménie et sa région passe sous le régime soviétique. Dans les années 20, Staline, pour se garantir l’amitié d’Ataturk, rattache le haut Karabagh à la république d’Azerbaïdjan nouvellement créée. Toutes les tentatives de détachement ont été vaines.

En 1988, une pétition demande le rattachement à l’Arménie. Puis le soviet (conseil) de la région autonome vote à une majorité écrasante son rattachement. Mais la demande est rejetée.

En 1989, les assemblées parlementaires de l’Arménie et du Haut-Karabagh proclament leur rattachement. Le vote est considéré comme nul par les soviétiques.

Suite à cette volonté de se séparer de la tutelle azéri, des pogroms sont lancés à Bakou et Sumgait où vivent de nombreux Arméniens. De nombreux morts sont à déplorer.

Un réfugié arménien erre dans les ruines de son village.
Un réfugié arménien erre dans les ruines de son village.

Les Arméniens fuient l’Azerbaïdjan et regagnent l’Artsakh ou l’Arménie où la défense s’organise.

Face au refus des Soviets, les Arméniens tentent une voie juridique, invoquant la loi soviétique qui prévoit le droit de sécession des régions autonomes.

Par un référendum du 2 septembre 1991 (avant la dislocation de l’union soviétique), la région se déclare République indépendante. Ce que n’accepte pas l’autorité azéri.

A l’implosion de l’URSS, la guerre éclate. Elle se solde par une victoire arménienne, un cessez-le-feu en mai 1994, mais aussi 30 000 morts côté arménien.

Ce conflit permet de conserver le territoire, mais aussi de mettre la main sur des districts autour du territoire comme zones tampons. Pour autant le statut de l’Artsakh  n’est pas défini.

L’Artsakh devient une République de facto, non reconnue par les instances internationales. Elle organise des élections démocratiques, possède ses élus, son administration et son armée.

Les tentatives de médiation sont légions, pour trouver une solution pacifique. Notamment pour le groupe de Minsk composé de la France, les EU et la Russie. Rien n’y fait.

Jusqu’au 26 septembre 2020, l’Azerbaïdjan a tenté à de nombreuses reprises de violer le cessez-le-feu.

Le retour de la guerre.
Le retour de la guerre.

Le 27 septembre, elle déclenche le conflit. Elle est soutenue en matériel, en logistique, armement et instructeurs par la Turquie qui importe de plus en plus des djihadistes depuis la Syrie.

Après 43 jours de combats acharnés, la prise de Chouchi par les Azéris, la Russie impose un cessez-le-feu le 9 novembre.

Chaque armée reste sur ses positions. L’Arménie doit restituer les districts tampons.

L’Artsakh perd un tiers de ses terres ancestrales et des milliers de soldats Arméniens sont morts. Mais on ne connait pas les pertes azéris.

Le couloir reliant l’Arménie à l’Artsakh est préservé sous le contrôle des soldats Russes. Un couloir sur le territoire Arménien doit être créé pour permettre la liaison du Nachitchévan, anciennement arménien, avec le Haut-Karabagh. Ainsi  la Turquie peut joindre ces territoires en passant par l’Arménie. 2000 soldats Russes surveillent la bonne application du cessez-le-feu.

A ce jour, le plus important ce sont les 100000 réfugiés et l’état sanitaire de cette enclave.

Un village arménien détruit.
Un village arménien détruit.

Toute la diaspora arménienne est mobilisée pour venir en aide à l’Artsakh et à l’Arménie qui vit de plus une crise politique.

Du statut de l’Artsakh dépendra sa survie et celle des Arméniens qui y vivent.

Sans oublier le patrimoine médiéval, tel que le monastère de Dadivank construit entre le IX et le XIIème siècle.

Le très beau monastère de Dadivank.
Le très beau monastère de Dadivank.

Le cadre est noir avec le lien. Pour voir la vidéo : Cliquez sur le nom : André Manoukian en bas à droite

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1 réflexion au sujet de « Les Arméniens en danger sur leurs terres ancestrales »

  1. Documentaire aux rappels historiques détaillés, remplis de douleurs et de sang. Petit pays au grand peuple, Chrétien depuis le IVe siècle. Tous les Chrétiens du monde ont un peu d’Arménie dans son cœur, l’Europe doit soutenir les Arméniens dans leur combat afin qu’ils retrouvent leurs terres ancestrales.

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