L'immigration arménienne vers la France

Les Arméniens en France

En France: L'immigration Arménienne

Article écrit par Anahide Ter Minassian dans Les Cahiers d'Archéologie.

C'est en 1922 que commence l'immigration collective des Arméniens de Turquie en France. Exode de réfugiés, devenus des apatrides à la suite du génocide de 1915, des bouleversements politiques du Proche-Orient, de l'indépendance confisquée de la République d'Arménie, de l'abandon des Arméniens par les alliés.
C'est une immigration politique et forcée, accélérée par le traité de Lausanne en 1923. Le Haut Commissariat pour les Réfugiés cherche à les installer dans les pays en quête de main d’œuvre.
C'est le cas de la FRANCE à qui il faut des hommes pour réparer les pertes de la Grande ,Guerre. Le mandat de la France en Syrie et au Lyban, là où les rescapés arméniens étaient les plus nombreux, ainsi que la présence en Turquie de religieux français créait un terrain propice à l'exode vers la France. Mais en l'absence d'une vraie politique d'immigration, les Arméniens sont directement embauchés par les entrepreneurs français. Ils eurent, ainsi, le triste privilège d'être à la fois des réfugiés politiques et une main d’œuvre importée. La France avait nourri leurs rêves, elle devint pour eux une terre d'asile et un havre de liberté.

Venant par bateaux de Grèce, de Bulgarie, de Syrie, du Liban, de Turquie, surgis des orphelinats, les Arméniens débarquent à Marseille portés par un véritable désir de reconnaissance et de reconstruction. Ils travaillent comme manœuvres dans les huileries, les savonneries , les sucreries , les docks. Puis ils essaiment dans les quartiers ouvriers. Ils achètent à peu de frais un lopin de terre, construisent eux-mêmes leurs maisons grâce à l'entraide de la famille et des compatriotes. Ils cultivent dans leurs jardins, lieux de convivialité dominicale, herbes, légumes, fruits "du Pays".
Très vite, en effet, le long de la côte méditerranéenne et de l'axe rhodanien, autour des mines, des usines, des chantiers, ont surgi de petites communautés à Gardanne, La Ciotat, Nice, Valence, Vienne, Grenoble, Lyon, St Etienne, au Creusot,... et au-delà à Toulouse et à Bordeaux. Autant de "territoires ethniques" que consolideront des migrations ultérieures, mais aussi autant de villes-relais vers Paris.

Une grande mobilité géographique caractérise les Arméniens entre 1922 et 1936. De meilleures conditions de travail les attirent dans la région parisienne où l'on trouve, dès 1926, la moitié des 60 000 Arméniens de France. Des hôtels du quartier latin, ils essaiment vers les mansardes et les taudis de Belleville, du 13ème arrondissement, de Gentilly, de Bicêtre, de St Ouen. Se groupant par bourgs d'origine en Asie Mineure où ils avaient été paysans, artisans, ils fondent de véritables "villages arméniens" à Alfortville, à Issy-les-Moulineaux et à Arnouville.
L'homogénéité sociale et culturelle favorise la survivance des traditions et le renforcement du noyau communautaire. La famille décimée et dispersée par le génocide et l'exode se reconstitue en France et reste pour la première et deuxième génération un modèle et une norme. Entre les deux guerres, l'endogamie est la règle et a pour but de perpétuer la langue et la nation.

Dans les années 20, ignorant pour la plupart le français, ravalés au rang de manœuvres, les Arméniens supportent mal leur prolétarisation brutale. Le travail à domicile (tiges de chaussures à Belleville, confection à Alfortville, tricot à Issy-les-Moulineaux) est une échappatoire à l'usine. Moyennant le travail acharné de tous les membres de la famille, il assure des gains plus élevés.

A partir de 1931, la crise économique oblige les ouvriers arméniens à se reconvertir:
ils deviennent"forains". C'est le début pour certains d'une ascension socioprofessionnelle brillante. D'abord simple "gagne-pain", le travail prend désormais un sens et signifie l'indépendance, l'esprit d'entreprise, la valorisation d'un savoir-faire couronnés par la réussite. A partir de 1946, les naturalisations accordées généreusement accélèrent l'intégration des Arméniens en France.
Pourtant en 1946-1947, 7 000 d'entre eux, dont certains naturalisés, succombent à la tentation du retour en Arménie Soviétique, une "patrie d'élection" inconnue. L'expérience soviétique fut un choc et dès 1956, le gouvernement français dut négocier leur retour en France. Depuis 1945, les crises politiques  permanentes en Europe Orientale et au Proche-Orient ont suscité des vagues successives de migrations arméniennes vers la France.

Pour regarder et diffuser Les Arméniens d'Arnouville

Pour regarder et diffuser L'arrivée des Arméniens à Marseille

A Arnouville, actuellement, la communauté arménienne représente au moins 10% de la population.
On rapporte que la première famille arménienne venue à Arnouville serait en 1922 les Nigoghossian qui tenaient une épicerie Rue Henri Barbusse.

Le café épicerie des Nigoghossian à Arnouville

D'autres personnalités arméniennes mises à l'honneur par la Commune:

-Une stèle à l'angle de la rue Missak Manouchian nous rappelle cette figure héroïque des Arméniens de France. Il faisait partie du groupe résistant FTP-MOI ( Francs-Tireurs Partisans de la Main d’œuvre Immigrée).

Stèle rue Missak Manouchian à Arnouville

- Place du Général-de-Gaulle, la salle des fêtes porte le nom de "Espace Charles Aznavour" et salle "Georges Garvarentz, compositeur et beau-frère du premier.

Au coin des Rues Saint-Just et Jean-Jaurès, un autre monument commémoratif a été récemment érigé. Rendons hommage à M.Patrice Balian (ancien conseiller municipal de 1995 à 2008, décédé brutalement le 27 Mai 2008) qui avait pris l'initiative de contacter le sculpteur arménien Hratch Karapetian. Ce dernier fut hébergé gracieusement par M.Balian, le temps de sculpter ce monument.

Stèle sculptée dans du tuf par Hratch Karapetian

- Sur le trottoir d'en face, la boutique Eniz, spécialisée dans les produits orientaux, propose les ingrédients nécessaires à la préparation des plats traditionnels arméniens, tout comme l'épicerie Spitak, située Rue Jean Laugère, qui porte le nom de la ville la plus proche de l'épicentre du séisme de 1988.

Ensemble de renseignements fournis par Mme M.B.Fourcade.(Université Laval.Québec)

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4 réflexions au sujet de “L'immigration arménienne vers la France”

  1. Pour tous ceux que l'histoire de la communauté Arménienne d'Arnouville intéressent, un ouvrage a été publié sur ce thème en octobre 2013:
    "Papiers d'Arménie", éditions Alan Sutton, dans la collection "témoignages et récits".
    J'ai le plaisir d'en être le co-auteur, avec Marie-Hélène Babadjian, dont la famille est bien connue à Arnouville. Ce livre raconte leur histoire depuis l'empire ottoman jusqu'à leur installation mouvementée à Arnouville, dans le contexte de la fin de la 1re guerre mondiale et la création de la république Turque.
    Nous vous en souhaitons éventuellement une bonne lecture!
    Nicole Bourgeois

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  2. Merci à ces deux témoignages émouvants.
    Il est évident que TOUS les Arméniens font partie intégrante,
    De notre bonne Ville.
    "Vivre en bonne harmonie",
    Tel est notre vœux le plus cher.

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  3. Merci aux personnes Arméniennes qui ont témoigné sur la vidéo. Les Arméniens font partis de nos vies à Arnouville.
    Cet article nous montre leur courage et leur parfaite intégration.

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  4. Arrivée a Arnouville en 1965, réfugiés arméniens fuyant la Turquie, mes parents ont décidé de vivre a Arnouville et d'y mourir.
    Cette ville, ils l'ont choisie, aimée, chérie jusqu' a la fin car ils y sont même enterrés : c'était leur vœu le plus cher...
    Mais, c'est le cas de la majorité des arméniens qui y ont vécu et de ceux qui y vivent encore.
    Même ceux qui décident de partir le font avec regret : parfois on n' a pas le choix, et le temps et les gens changent...dommage!
    Je remercie "Arnouville" de nous avoir acceptés, aidés et accueillis au sein de sa commune.
    En contrepartie, nous avons tout fait pour la faire prospérer tout au long de toutes ces décennies.

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