Le jeudi 5 octobre 2023, la chaîne France2 bouleverse sa grille après le "20 Heures" d'Anne-Sophie Lapix pour une page spéciale sur le conflit dans le Haut-Karabakh.
En effet, le 19 septembre, l'Azerbaïdjan mène une offensive militaire dans ce territoire en bombardant les villes de l’enclave. Le 20 septembre les Arméniens déposent les armes. Les jours suivants, des milliers d’arméniens fuient leur terre ancestrale pour se réfugier en Arménie.
Selon la secrétaire d'Etat en charge de l'Europe, Laurence Boone, il s'agit d'un "crime" qui "ressemble fortement à un nettoyage ethnique".
Après avoir vu cette émission, de nombreux Arnouvillois ont été profondément choqués.
Merci à M.Martayan qui m’a fourni une grosse documentation pour rédiger cet article.
Un petit rappel pour mieux comprendre : Le Haut-Karabakh, ramené de force dans la « mère patrie », par le président Aliev, est une enclave du peuple intégralement arménien, rattachée à ce pays turco-musulman par Staline en 1921. Avec l’effondrement du bloc soviétique, les Arméniens d’Azerbaïdjan, victimes de pogroms de plus en plus sanglants commis par les nationalistes azéris, proclament l’indépendance du Haut-Karabakh en 1991. Menacée de destruction, la petite République reçoit le soutien militaire de la République d’Arménie, qui s’est, elle aussi, libérée du joug soviétique. Contre toute attente, elle repousse les assauts militaires et s’empare de territoires azerbaïdjanais qui entourent l’enclave afin de constituer une zone tampon. L’Artsakh, nom arménien du Haut-Karabakh, bénéficie alors, de 1994 à 2020, d’une continuité territoriale avec la République d’Arménie, forgeant des frontières nouvelles, comme l’ex-Yougoslavie en Europe. Mais une seule route permet de faire la jonction : c’est le fameux corridor de Latchine
que Bakou a bloqué durant plus de 9 mois privant les 120000 arméniens de tous les ravitaillements.
Voici la publication faite aussitôt par M.Doll, Maire d’Arnouville:
"L’Azerbaïdjan a lancé une offensive éclair contre le Haut-Karabagh (Artsakh), conduisant à l'exil forcé la quasi-totalité de sa population arménienne. Une épuration ethnique touchant entre 100 000 à 120 000 personnes à ce jour. Le Maire et la municipalité d’Arnouville soutiennent nos amis arméniens dans leur combat face à des puissances totalitaires et hégémoniques qui ne font que poursuivre la politique initiée en 1915, en vue d’éradiquer la population arménienne de cette région. Que l’ensemble de nos amis arméniens soit persuadé de notre soutien."
Après donc une défaite éclair contre l’Azerbaïdjan, les habitants du Haut-Karabakh ont dû fuir en masse et faire le deuil de leur république autonome. Cela est un vrai chemin de croix pour les Arméniens. Pendant neuf mois, un blocus les a empêchés de se nourrir et de se soigner.
Mais les 120 000 Arméniens de l’Artsakh, la terre qu’ils occupent depuis deux millénaires, n’étaient pas au bout de leur peine.
Après plus de trente ans de conflits et un siècle de tension, les forces azéries leur ont pris leur patrie. C’est là un nettoyage ethnique programmé au nom de l’intégrité de l’Azerbaïdjan et qui ravive le spectre du génocide. Cela conforte les ambitions de Bakou et de son allié turc : soit créer une continuité entre leurs deux pays en annexant une nouvelle région. Maintenant, c’est sur l’Arménie que plane la menace. Qu’en sera-t-il du magnifique patrimoine arménien, dans cette situation ?
Il risque de disparaître.
La République autoproclamée du Haut-Karabakh est vidée d'une grande partie de sa population. Avec sa dissolution annoncée, un pan du patrimoine culturel de ce territoire du Caucase risque de disparaître.
Plusieurs centaines d'églises, monastères et pierres tombales datant du XIe au XIXe siècle parsèment cette enclave montagneuse.
“Lieux symboliques arméniens” : Certains comportent des spécificités, comme des absides à fond plat ou des cavaliers armés datant de la période mongole (XIII-XIVe siècles) représentés sur certains khatchars (croix en pierre sculptées).
Monastère de Dadivank, enclave arménienne indépendante officiellement en Azerbaïdjan, dans le Haut-Karabakh.
A Bakou, l'église Saint Grégoire qui est inscrite au registre national des monuments historiques d'Azerbaïdjan, est fermée au public, ses grilles d'enceinte verrouillées et l'une de ses entrées barrée par l'extension de la terrasse d'un restaurant.
Au-delà de l'architecture, c'est le patrimoine immatériel qui est aussi "inévitablement en péril. Les danses, les chants et les folklores mais aussi les dialectes du Haut-Karabakh "seront menacés de disparition avec le temps“ parce que les ”gardiens naturels de ces lieux de culture et de tradition" qui les transmettent de génération en génération, une fois séparés, transmettront peut-être encore à la génération suivante, mais après ?"
Que passe-t-il alors ?
En moins d'une semaine, plus de 100.000 des 120.000 Arméniens qui peuplaient depuis 2500 ans le Haut-Karabakh (Artsakh) ont dû fuir leur pays après l'assaut-éclair de l'armée azerbaïdjanaise. C’est un peuple qui tourne le dos à ses montages millénaires.
Dès le 25 septembre, il y a des embouteillages monstres sur une route, hélas, sans retour. Une file ininterrompue de voitures se trouve dans le corridor de Latchine.
La vieille route de 65 kilomètres reliant le Haut-Karabakh à l’Arménie a été rouverte. Que vont faire tous ces gens ? Où vont-ils aller ?
Il faut trouver un proche chez qui résider un temps ou une chambre dans un hôtel. Les moins chanceux dormiront dehors ou dans leur voiture.
Le Haut-Karabakh a perdu presque les trois de son territoire. L’Azerbaïdjan n’a cessé d’affaiblir ses habitants : coupures de gaz, d’électricité, enlèvements, grignotage de frontière, assassinats…
Que des actions belliqueuses! «Le Jardin noir» ou Artsakh en arménien, n’aura jamais aussi bien porté son nom.
Des enfants pleurent. Des adultes ont le regard vide. Ils sont affamés, dévastés par un blocus épuisant de neuf mois. Ils ont vécu la famine.
On part très vite.
Un camion tire avec une corde des voitures qui parviennent difficilement à démarrer. Il y a aussi des tracteurs, des remorques, des pneus abîmés ou crevés.
Sans le dire, des enfants ont pris des marqueurs et ont écrit sur les murs de leurs chambres:
"Je n'oublierai jamais ma patrie", "Mon Artsakh", "Je suis Arménien", ou encore «"Sang" pour le rouge, "Ciel" pour le bleu, "Vie" pour le jaune, soit les couleurs du drapeau arménien.
Des milliers de parents n'ont pas retrouvé les corps de leurs enfants depuis l'attaque des Azéris le 19 septembre. Leur dilemme était atroce : il fallait partir rapidement pour échapper à une mort certaine, mais comment partir sans leur dépouille?
L'Arménie a fait savoir qu'elle allait prendre en charge les réfugiés en leur donnant un toit et un emploi. Dans l'immédiat, beaucoup dorment dans la rue ou dans leur voiture. Les associations caritatives envoient des effets de première nécessité. La France a fourni des tonnes de matériel et alloué plusieurs millions d'aides. Une dizaine d'autres pays ont expédié des subsides.
Que peut-on faire de plus? Le peuple de l’Artsak est digne est courageux. Le Mal peut gagner une bataille mais à la fin le Bien l’emportera toujours. Un jour, la justice lui sera rendue. Chacun aspirera à oublier tous ces traumatismes et à vivre enfin en PAIX.
Pour les personnes souhaitant apporter une aide à tous ces réfugiés, voici des adresses où vous pouvez verser un peu d’argent, soit avec un chèque, soit en vous rendant sur le site indiqué. D’avance un grand merci pour eux.
Fonds arménien de France 5 av Reille 75014 Paris
Croix bleue des Arméniens de France 17 rue Bleue 75009 Paris
Association CHENE 24 rue de Maubeuge 75009 Paris
ou CHENE France <contact@chene-france.org>
Merci d’avoir si bien expliqué cette situation très compliquée.
Article bien documenté qui permettra, au plus grand nombre de comprendre ce qui se passe réellement.
Merci pour ton soutien sans faille.