En Ile-de-France, la libération
- 6 JUIN 1944 : Que d'émotions à l'évocation de cette date... Pour tous, ce fut le symbole de la libération du Pays.
Libération qui se réalisa au cours des mois suivants grâce à la progression des troupes alliées. Bien sûr, la guerre n'était pas terminée. Elle continua de longs mois encore dans des régions telles que le Nord, l'Alsace... Mais inexorablement, l'offensive des troupes gagna du terrain sur l'ennemi et enserra celui-ci comme dans un étau.
Retraçons les principaux faits marquants de toute cette période pour l'Ile-de-France et plus particulièrement à Arnouville.
Rappelons-nous quelques dates
- 19 Août : début de l'insurrection à Paris.
- 24 Août : Arrivée à Paris des premiers éléments blindés de la Colonne Leclerc.
Vers la Libération de Paris : 24 août 1944
- 25 Août : Reddition du Général Von Choltitz, gouverneur de Paris.
- 26 Août : Entrée dans la Capitale de Général De Gaulle, président provisoire de la république. Saint-Denis, Pierrefitte, Garges-lès-Gonesse, telles furent les étapes suivantes de la division Leclerc qui progressait très vite. Des pièces d'artillerie positionnées au Fort de Stains pilonnèrent pendant deux jours les troupes allemandes.
Il y a 70 ans, Paris libéré
Les allemands firent sauter le pont du Cottage pour protéger leur retraite.
- 28 Août : Nouvelle attaque de la 2ème D.B.; depuis le Haut du Roy, elle mitrailla les ennemis encore installés à Villiers-le-Bel
- 30 Août : Enfin, le quartier de la gare devenait le centre d'un important défilé des troupes libératrices.
C'était à qui offrirait quelque chose à tous ces soldats attendus depuis si longtemps, à qui recevrait des tablettes de chocolat, des plaques de chewing-gum, nouveauté américaine...
Liesse générale,bals improvisés, on oublia pour quelques instants cinq longues années de souffrances et de privations.
Mais si la reprise d'une vie normale s'avérait difficile, elle apparaissait au bout d'un long tunnel. Et chacun allait s'y atteler!
L'exposition organisée à l'occasion du 50ème anniversaire de La Libération fut réalisée grâce:
- Au Conseil Régional d'Ile-de-France et à son haut patronage "Les voies de la Liberté".
- Au site d'Histoire "Arnouville et son Passé".
- Aux associations locales des Anciens Combattants.
- A M. Thiebault, Arnouvillois, expert passionné de maquettes concernant tous les véhicules militaires de cette seconde guerre mondiale.
Par cette exposition, nous avons essayé de rendre hommage à tous ceux qui ont payé de leur vie la Liberté retrouvée pour leur concitoyens.
Que le souvenir reste à jamais gravé dans nos cœurs pour réaliser l'Europe de demain!
Les bombardements sont le fait de l'armée allemandes, puis des alliés à partir de l'Occupation, au second semestre 1940. Engins explosifs, incendiaires ou toxiques sont parfois déversés par centaines.L'attaque aérienne prend aussi la forme de mitraillages. Les aéroports, les usines, les gares et les voie de chemins de fer sont les principaux objectifs visés, mais l'ensemble du territoire est exposé.
Outre les avions et engins de la D.C.A., qui constituent la Défense Active contre les attaques aériennes, une Défense Passive est mise en œuvre par les civils, et placée sous la responsabilité des maires, pour protéger les populations et venir en aide en cas de sinistre : camouflage des lumières, sirènes d'alerte, abris collectifs, postes de secours...
Le Bilan des attaques aériennes est divers. Bonneuil a par exemple été très touchée, tandis qu'Arnouville a été épargnée par les bombardements. Les craintes et contraintes des menaces aériennes sont cependant vécues partout.
L'ancien pont de Gonesse, construit en pierre, fut modifié en 1906 et détruit en août 1944 lors de la libération . Plusieurs fois reconstruit, il fut surélevé ( comme les autres ponts et la passerelle) lors de l'électrification des voies de chemin de fer, puis allongé en 1992 pour le TGV Nord (80).
- Cet article était resté assez général, quant à sa rédaction. Mais il a suscité un commentaire très bouleversant. Chacun d’entre vous peut le lire au-dessous. Certes, il ne s’agit pas de le paraphraser. Mais il nous avait beaucoup interpelés quant aux épisodes si variés.
Nous sommes dons entrés en contact avec Monsieur Gilles Lagrue, son fils. Mais nous ne lui avons pas lui demander de nous révéler obligatoirement le nom de son père. Très vite, il nous a fourni toutes ces images. Voici donc Roger Lagrue, ce jeune homme entré en résistance.
Puis nous découvrons ces cartes d’identité très particulières, montrant son appartenance et au Conseil National de la Résistance et à l’Association Nationale des Internés et Déportés Politiques.
Avec certainement une beaucoup fierté, il porta ce brassard à son bras. Le «V» de la Victoire et la Croix de Lorraine sont de véritables emblèmes pour chacun d’entre nous.
Pour avoir vécu autant de faits si dramatiques, il a reçu les médailles que son fils nous permet de mettre sur notre site. Nous tenons à le remercier de nous avoir fourni ces divers documents.
Bien sûr, certaines zones d’ombre subsistent dans le récit de Monsieur Gilles Lagrue.
Peut-être un jour, une personne pourra nous éclairer en nous écrivant un autre commentaire.
Mon père s'est engagé très tôt dans la résistance, d'abord comme FTP. Puis il fut rattaché aux FFI après la création du CNR par Jean Moulin. Agent de liaison, habitant Arnouville et travaillant sur Paris, il était chargé de faire passer des papiers et des documents aux réseaux de la banlieue nord.
Appelé pour le STO fin 43, il s'est réfugié dans le Loiret sous une fausse identité tout en restant en rapport avec son réseau. Là, travaillant comme bûcheron, il fut arrêté début 44, par la gendarmerie ( probablement suite à une dénonciation). Il fut livré à la Milice, puis à la Gestapo. Transféré de la prison d'Orléans à Paris, il fut interrogé (baignoire d'eau froide, coups sur la tête). Envoyé en Allemagne, il réussit à s'évader du train, suite à un bombardement des voies par les Anglais.
De là, ils réussirent (il était accompagné de trois autres évadés) à regagner Arnouville avec l'aide de paysans (tout le monde n'était pas des collaborateurs). Ils se cachèrent dans la cave, chez ma grand-mère au 24 de la rue de Clermont. Le lendemain de leur arrivée, un boucher est venu apporter de la viande en disant à ma grand-mère que « ses gars en auraient bien besoin ». Ce boucher en question n'a jamais voulu dire à mon père comment il avait été mis au courant.
Parmi les trois personnes accompagnant mon père, il y avait un résistant. Un autre allait le devenir. Quant au troisième, il n'était rien de tout cela.C'était juste un amoureux de la nature et il s'était fait prendre par les Allemands en se promenant dans la forêt d'Orléans avec une carte et une boussole. A cette l'époque, cela suffisait! Avec mon père, ils sont restés amis toute leur vie. Je me rappelle qu'une fois, ayant passé quelques jours de vacances chez lui, en me ramenant il a insisté pour que l'on s'arrête à l'église Saint-Denis. Là il m'a montré l'endroit où il venait prier en me disant qu'il n'oublierait jamais que sans mon père et ma grand-mère il ne serait pas là.
Ensuite mon père a repris ses activités clandestines jusqu'à la libération de Paris, où il fut appelé pour le soulèvement. Envoyé par le colonel Rol-Tanguy sur Arnouville pour guider des éléments de la 2èmeDB, il a participé aux combats du Haut-du-Roy. Là, il s'est retrouvé face à face avec un capitaine Allemand. Je passerai sur les détails. Mais l'issue a dû être favorable à mon père sans quoi je ne serais pas là. Il a gardé longtemps les papiers de ce capitaine. Puis un jour, il les a renvoyés en Allemagne, à Stuttgart, en pensant qu'après-tout cet homme aussi avait une famille. Peu de temps, après il a reçu une lettre de remerciements de l'Ambassade d'Allemagne. Cela l'avait marqué énormément, il en était très fier.
Après la libération de Paris, il fut incorporé dans la 2e DB sous les ordres du colonel Fabien jusqu'à Strasbourg. Là, on lui laissa le choix de continuer en Allemagne ou de rentrer chez lui. C'est ce qu'il fit, jugeant qu'il en avait assez fait, car il n'était pas militaire. Cela ne l'empêcha pas d'être rappelé sous les drapeaux après l'armistice, car il fallait encore du monde pour reconstruire l'armée Française.
En 1946, il fut convoqué pour recevoir des médailles et des décorations. Il n'est allé en chercher qu'une seule, celle de la résistance. En s'y rendant, il fut surpris de faire connaissance du chef de réseau FFI pour la banlieue nord, Mr R… un habitant d'Arnouville!!!
Mon père est décédé en 2013. En 2008, il m'a annoncé qu'il venait d'apprendre le décès d'une vieille amie. Surpris, je lui ai demandé de qui il s'agissait. Il m'a répondu que c'était madame V… prostituée de son état. Cette dernière, pendant l'occupation, les avait sauvés d'une embuscade. Lors de la fusillade, il s'était pris une balle dans l'épaule. Ils étaient restés, elles et quelques autres, en relation discrète pendant toutes ces années. Bien qu'ayant été sollicité à plusieurs reprises, il n'aimait pas parler de tout cela. Pour lui, il n'avait fait que son devoir. Il n'a jamais élevé ses enfants et ses petits-enfants dans la haine du peuple Allemand, bien au contraire c'était un Européen convaincu.
Pour ma part, c'est la première fois que j'évoque ces souvenirs. Je ne l'ai jamais fait auparavant, par respect pour les convictions de mon père. Si je m'exprime aujourd'hui, c'est parce que je me dis que quand ceux de ma génération auront disparu, il n'y aura plus personne pour parler de ces gens. Je le fais également parce qu'à l'heure actuelle nous avons besoin d'honorer ces personnes qui aimaient leur pays. Nous en avons besoin, parce que nous-même devons retrouver nos valeurs démocratiques et républicaines. Pour nos enfants et petits-enfants, ne laissons pas le monopole du patriotisme aux extrémismes quels qu'ils soient!
Fait à Pau, le: 16/12/2015
Monsieur Lagrue,
Que dire suite à votre commentaire?
Ce dernier est l'un des plus poignants jamais reçus.
Votre père a eu beaucoup de courage, lors de tous les épisodes que vous nous décrivez.
Nous ne pouvons qu'être admiratifs devant sa conduite.
Quant à vous, nous vous remercions de nous en fait part.
Il est exact que nous devons laisser une trace de cette douloureuse époque.
Cela est un véritable devoir de mémoire.
Si nous avions connu ces événements plutôt, nous aurions pu les évoquer dans la revue N°13 de "Patrimoine en Val de France".