La stèle de Missak Manouchian à Arnouville, inauguration

Cette dernière se trouve à l'angle des Rues Jean Jaurès et Missak Manouchian.

 

Son inauguration a eu lieu le 22 février 1992 par la Municipalité. Sur celle-ci, faite en granit rose, nous pouvons lire en lettres dorées:
Ils étaient vingt trois.  Qui crièrent Vive La France En s'abattant.  Fusillés le 21-02-1944
Hommage au groupe Manouchian
F.T.P. - M.O.I. "Passant souviens toi"

- Le sigle F.T.P - M.O.I. signifie : Francs tireurs de la Main - d'Œuvre Immigrée.

Autrefois, à l'emplacement de cette stèle, se trouvait un café doublé d'un salon de coiffure pour hommes.

Concernant ces 2 locaux, voici quelques précisions fournies par Mme Nigoghossian et M. Martayan.

Le propriétaire de ces 2 commerces était M. Agop Eliseyan. Ce dernier assurait tour à tour le métier de coiffeur et, grâce à une porte située à l'intérieur, il allait servir ses clients au café.

Le salon de coiffure ouvrait sur la Rue Jean Jaurès et avait pour enseigne "Coiffeur".

Le salon de coiffure
Le salon d'Agop

Les personnes disaient: Nous allons chez "Agop". La porte du café donnait sur la Rue Manouchian mais ne possédait pas de panneau.

M. Eliseyan habitait avec sa famille à l'étage de cet immeuble.

Cette photo nous a été fournie par M.Le Perchec.

Dans ce dernier, Missak Manouchian venait rencontrer des amis et même des membres de sa famille éloignée.

Mais  il n'a vraiment jamais habité dans notre Commune.

Tous les ans, à la fin du mois de février, Les Elus de la Ville et des Communes voisines, accompagnés de Représentants des Communautés arméniennes, participent à la cérémonie en mémoire de ces 23 Héros de la résistance.

Les élus d'Arnouville
Photo extraite de la revue "Arnouville magazine"A la fin de cet hommage, les élus écoutent "Le chant des Partisans".

Le chant des partisans

Le principal de ces derniers était : Missak Manouchian.

 

Mais qui était donc Missak (dit Michel) Manouchian ?

Portrait de Missak Manouchian
Portrait conservé dans les archives fédérales allemandes,
et reproduit sur l'Affiche rouge.

Né le 1er septembre 1906 en Turquie, il arrive en France en 1925. C'était un écrivain, un poète, un militant communiste et surtout un rescapé du génocide arménien.

Il fut fusillé le 21 février 1944 au Mont Valérien.

Son réseau de résistants avait déjà été démantelé une 1ère fois le 16 novembre 1943, alors qu'il allait, sur les berges de la Seine, rencontre Joseph Epstein, un autre résistant, lui aussi fusillé, au Mont Valérien, le 11 avril 1944.

Fusillé du groupe ManouchianRetenons que parmi ces 23 "sacrifiés" par les Nazis, presque tous étaient des étrangers:
des Hongrois, des Espagnols, des Polonais, des Italiens, des Arméniens.

Il y avait même un femme roumaine, Olga Bancic. Celle-ci fut décapitée à Stuttgart le 10 mai 1944, le jour de son anniversaire.

Que firent les Allemands pour marquer les esprits avec cette exécution ?

Ils placardèrent, dans les rues de Paris, 15 000 exemplaires de cette célèbre affiche rouge portant en médaillons noirs, les portraits des 10 fusillés qui refusèrent avant de mourir d'avoir les yeux bandés.

Affiche Des libérateurs ? La libération par l'armée du crime

Sur un fond rouge, comme pour évoquer du sang, regardons ces 10 personnes. Comme "enfermé" dans la pointe d'une flèche, nous voyons  le portrait de Missak Manouchian, avec cette inscription: "Arménien, chef de bande, 56 attentats, 150 morts, 600 blessés".

Sont-ils "Des Libérateurs?" ou "La Libération! Par L'armée du Crime?"

- Telles sont les deux questions que se posaient les personnes en voyant cette affiche.

Les Allemands avaient essayé de cette façon de dresser la Population contre Ces résistants, en les faisant passer pour des comploteurs, des criminels, contre la France. Mais ce fut l'inverse qui se produisit. Pour preuve, aucun nom de Français n'y figurait. Les passants contemplaient longuement ces visages énergiques aux larges fronts. Longuement et gravement comme on salue des amis morts.

Dans les yeux aucune curiosité malsaine, mais de l'admiration, de la sympathie, comme s'ils étaient des nôtres. Sur l'une des affiches, une nuit, quelqu'un écrivit en lettres capitales ce seul mot:  Martyrs !

C'était l'hommage de Paris à ceux qui s'étaient battus pour la liberté.
Texte extrait de "L'affiche", Les lettres françaises (revue clandestine), mars 1944.

- Lorsque cette Affiche rouge fut distribuée sous forme de tract, on pouvait lire au verso:

"Si des Français volent, sabotent et tuent, ce sont toujours des étrangers qui les commandent; ce sont toujours des chômeurs et des criminels professionnels qui exécutent; ce sont toujours des Juifs qui les inspirent."

- Avant d'être fusillé, Missak  Manouchian écrit une dernière lettre à son épouse, dont voici un extrait.

Ma chère Mélinée, ma petite orpheline bien-aimée,

Dans quelques heures, je ne serai plus de ce monde. Nous allons être fusillés cet après-midi à 15 heures. Cela m'arrive comme un accident dans la vie, je n'y crois pas mais pourtant je sais que je ne te verrai plus jamais. Que puis-je t'écrire? Tout est confus en moi et bien clair en même temps.

Je m'étais engagé dans l'Armée de la Libération en soldat volontaire et je meurs à deux doigts de la Victoire et du but. Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la Liberté et de la Paix de demain. Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement.

Au moment de mourir, je proclame que je n'ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit, chacun aura  ce qu'il méritera comme châtiment et comme récompense.

Le peuple allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre qui ne durera plus longtemps. Bonheur à tous...

C'est en regardant le soleil et la belle nature que j'ai tant aimée que je dirai adieu à la vie et à vous tous, ma bien chère femme et mes bien chers amis. Je pardonne à tous ceux qui m'ont fait du mal ou qui ont voulu me faire du mal sauf à celui qui nous a trahis pour racheter sa peau et à ceux qui nous ont vendus.

Je t'embrasse bien fort ainsi que ta sœur et tous tes amis qui me connaissent de loin ou de près, je vous serre tous sur mon cœur. Adieu. Ton ami, ton camarade, ton mari.

Manouchian Michel

Portait de Missak Manouchian

De nombreux  hommages ont été rendus à ces résistants.

Soit par des poèmes ( P. Eluard, L. Aragon), soit par des films, soit encore par des stèles, comme celle au Mont Valérien,

et dans plusieurs Villes ...dont la Commune d' Arnouville. 

Arnouvillois: "Souvenez-vous toujours de ces résistants!"

Un  des derniers survivants  du  groupe  M. Manouchian

soldat Raymond Kojitsky
Paris (XXe). Raymond Kojitsky, alias Pivert n'avait que 16 ans quand il résistait aux côtés d'autres Francs-tireurs parmi lesquels un certain Henri Krasucki ou Manouchian lui-même.A 86 ans, il va recevoir la médaille de vermeil de la ville de Paris, 70 ans après son engagement dans la Résistance.

Raymond Kojitsky n'a rien oublié des actions qu'il a menées, la peur et la colère au ventre, obéissant aux ordres d'un Henri Krasucki, puis de ce Manouchian rarement rencontré, mais qui un jour a offert une paire de chaussures  au minot qu'il était.

"C'était aussi rare que la viande ou le chocolat et je n'avais pas assez d'argent.  J'en ai parlé comme ça à Manouchian, simplement pour dire quelque chose. Peu après, il m'a tendu un paquet. C'était des chaussures, un genre de bottines."  "Un souvenir heureux", l'un des seuls de cette sale période.

"C'était un homme très doux" , se souvient encore Raymond Kojitsky, qui n'oubliera jamais cette rencontre avec le "terroriste" des nazis.

Manouchian, il "aimait l'humanité."

Texte extrait du Journal "Le Parisien" du 12 mai 2013

Dans ce même journal, nous apprenons qu'il existe un autre survivant âgé de 87 ans. Il s'agit d'Arsène Tchakarian alias Charles, son nom de résistant. Tous deux ont échappé par hasard et presque par miracle, à l'arrestation, lorsque Missak Manouchian et 22 autres "terroristes étrangers", ainsi que les désignait la fameuse Affiche rouge placardée dans tout Paris par les Allemands, sont tombés dans les filets ennemis.
"Pivert" avait quitté son groupe après une sévère "engueulade" de son chef.

"Charles", quant à lui, avait senti le vent tourner et avait rejoint le maquis du Loiret.

Voici la biographie d'Arsène Tchakarian en quelques dates.

  • 21 décembre 1916Naissance à Sabandja (Turquie),
  • 1930 : Arrivée à Marseille,
  • 17 mars 1943 : Arsène Tchakarian et Missak Manouchian attaquent une vingtaine de Feldgendarmes,
  • 21 février 1944 : Exécution au Mont-Valérien de 22 membres du groupe Manouchian,
  • 1958 : Obtention de la nationalité française,
  • 1959 : Léo Ferré chante «L’Affiche rouge»,
  • 1986 : Publie « Les Francs-tireurs de l’Affiche rouge » (Ed. Sociales, 1986),
  • 2012 : «Les Commandos de l’Affiche rouge», avec Hélène Kosséian (Ed. du Rocher, 2012). 
  • Le 5 août 2018 : Nous apprenons dans le journal «Le Monde» son décès, à l’âge de 101 ans. 
  • Ce grand Résistant était commandeur de la Légion d’honneur et Président d’honneur de la FCPRA.
  • Cétait le Général de corps aérien Grégoire Blaire, directeur de la Direction interarmées des réseaux d’infrastructures et des systèmes d’information de la défense qui lui avait remis sa médaille.
  • Texte extrait du « Parisien » du 9 août 2018
  • Une cérémonie d’hommage aura lieu le mardi 14 août près du carré des Fusillés du groupe Manouchian. Il sera inhumé dans la division 41, près du carré des Fusillés du groupe Manouchian, ses frères d’armes. Une cérémonie d’hommage aura lieu ce mardi après-midi en mémoire d’Arsène Tchakarian, décédé samedi dernier à l’âge de 101 ans à Vitry où il vivait. Ce résistant a appartenu au célèbre commando des FTP-MOI (Francs-tireurs et partisans - Main d’œuvre immigrée de Paris) qui combattait l’occupant nazi. En février dernier, il célébrait encore au cimetière d’Ivry la mémoire de ses 22 compagnons résistants fusillés par les nazis en 1944. Né en Turquie, Arsène Tchakarian s’était exilé à Paris en 1930. Il exerçait comme maître tailleur avant d’intégrer le groupe Manouchian en 1943.
  • Voici une nouvelle information donnée dans le journal Le Parisien du jeudi 5 janvier 2023.
  • Les résistants Missak et Mélinée Manouchian bientôt au Panthéon?    
    Les résistants Missak et Mélinée
    Ces résistants bientôt au Panthéon?

    Mélinée Manouchian
    Réponse en février 2024, selon le journal.
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